Infolettre – Été 2023

Volume 10, numéro 1

Voici les principales solutions technologiques disponibles au Canada pour le tri des contenants multicouches

Au moment où de nombreux centres de tri de la collecte sélective partout au pays se préparent à répondre aux nouvelles exigences des organismes de responsabilité des producteurs (appelés « organismes de gestion désignés » au Québec) dans le cadre des divers programmes provinciaux de responsabilité élargie des producteurs (REP), nous avons pensé qu’il serait intéressant d’effectuer un survol des principales solutions technologiques présentement disponibles au Canada pouvant être appliquées au tri des contenants multicouches (CMC). Nous avons donc demandé à cinq équipementiers de premier plan présents sur le marché canadien — Bulk Handling Systems (BHS), Machinex, PellencST, Sherbrooke OEM et TOMRA Recycling Sorting — de nous décrire leurs offres.

Championne du tri des contenants multicouches

La pièce d’équipement la plus populaire pour le tri des CMC demeure visiblement la trieuse optique. Les cinq équipementiers consultés en offrent tous au moins un modèle. À la base, ces trieuses utilisent la spectrométrie pour analyser la signature lumineuse unique que produit chaque matière. Lorsque des objets qu’elles ont été programmées à reconnaître y pénètrent, comme des CMC, elles activent des jets d’air précis qui projettent ces objets le long de canaux pour les rediriger vers d’autres flux de la chaîne de tri. Elles effectuent ce travail à une vitesse inégalée pouvant dépasser plusieurs centaines d’objets par minute.

Chaque modèle de trieuse optique compte bien sûr en plus son lot de points forts que mettent de l’avant leurs fabricants. TOMRA Recycling Sorting vante par exemple la rapidité de ses buses de jets d’air qui permettrait l’éjection chaque minute de 1200 objets par mètre de largeur de matières traitées. Pour Machinex, l’un des principaux avantages de sa trieuse serait ses généreux accès aux mécanismes internes pour en faciliter l’entretien. De son côté, Bulk Handling Systems nous mentionne entre autres la possibilité d’intégrer ses trieuses dans un système breveté compact et autonome comprenant un circuit de récupération des contenants, dont les CMC. Chez PellencST, on fait valoir sa garantie « Future Proof », qui assurerait que les trieuses puissent intégrer les futures innovations de l’entreprise liées à l’Internet industriel des objets, aux filigranes numériques et à l’intelligence artificielle. Enfin, Sherbrooke OEM mise quant à elle sur la possibilité de combiner l’imagerie hyperspectrale, l’infrarouge proche (NIR) et l’intelligence artificielle pour atteindre des taux de reconnaissance qui frôlerait les 100 %.

Trieuses optiques Mistral+ CONNECT de PellencST, EAGLE VIZION de Sherbrooke OEM, AUTOSORT de TOMRA Recycling Sorting, MACH Hyspec de Machinex et NRT de Bulk Handling Systems (BHS).

De toute évidence, la tendance est à l’inclusion de l’intelligence artificielle dans les trieuses optiques, avec la majorité des fabricants nous indiquant qu’ils y font appel d’une façon ou d’une autre. Ces nouvelles fonctionnalités pourraient notamment aider ces machines à mieux distinguer les contenants et emballages fabriqués avec des fibres et résines de grade alimentaire des objets qui leur ressemblent, mais qui ne sont pas propres au contact avec les aliments. Ceci pourrait alors ouvrir la voie à l’utilisation de fibres recyclées dans les CMC.

Selon PellencST, les trieuses optiques feraient en sorte que « le tri des CMC est l’une des séparations les plus faciles à réaliser dans un centre de tri ». Sherbrooke OEM pour sa part renchérit, en allant jusqu’à dire que, de son point de vue, le tri optique serait même « la seule solution justifiable pour le triage des contenants multicouches ». À ceux qui songeraient à ajouter une nouvelle trieuse à leur centre existant, TOMRA suggère de la placer à la fin de la ligne où la majorité des CMC ont tendance à aboutir et où l’installation perturberait le moins les opérations. Quoique la quantité des CMC est appréciable dans les centres de tri, elle demeure relativement moindre que celle de bien d’autres matières, comme les contenants de plastique. C’est pourquoi on combine fréquemment la reconnaissance des CMC sur ces machines avec celles d’autres objets afin de l’utiliser à son plein potentiel.

Les robots en renfort

En plus de trieuses optiques, deux des cinq équipementiers interrogés, soit Bulk Handling Systems et Machinex, proposent des robots dotés d’intelligence artificielle pouvant eux aussi servir aux fins qui nous intéressent. Notons ici l’existence également de firmes qui se spécialisent uniquement dans ces robots trieurs, comme AMP Robotics et Waste Robotics, que nous avons d’ailleurs rencontrée pour un article à l’été 2021.

Leur vitesse étant moindre en comparaison aux trieuses optiques (on parle par exemple de 70 saisies par minute), les robots seraient surtout indiqués pour un usage complémentaire ou lorsque les quantités à traiter sont plus faibles. Ils peuvent jouer un rôle de contrôle de la qualité, par exemple, pour retirer les contaminants dans le flux final des CMC ou pour aller chercher les CMC qui n’auraient pas été repérés en amont et se retrouveraient toujours sur le flux des résidus.

Plus compacts, les robots peuvent par ailleurs convenir à des centres qui n’ont pas l’espace nécessaire pour accueillir une trieuse optique. Selon ce qu’on nous dit, les robots s’installeraient facilement sur une ligne de tri manuel sans nécessiter d’arrêt prolongé des opérations, ce qui permettrait aux centres existants d’ajouter le tri automatisé pour certaines matières, comme les CMC. Au même titre que les trieuses optiques, ils peuvent être programmés pour reconnaître simultanément d’autres types d’objets en plus des contenants multicouches afin de mieux les rentabiliser.

Bien que les contenants multicouches peuvent très bien être triés manuellement dans les plus petits centres ou sur des flux où leur quantité est relativement faible, les solutions technologiques qu’on retrouve sur le marché peuvent être indispensables pour augmenter la qualité du tri et pour pallier le manque de main-d’œuvre. Les centres de tri, qu’ils soient nouveaux ou existants, disposent aujourd’hui d’une vaste sélection de solutions performantes parmi lesquelles choisir celles qui conviennent le mieux à leurs besoins et à leur budget.

Robots trieurs SamurAI de Machinex et Max-AI de Bulk Handling Systems (BHS)